L'église Saint-Martin

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Origines

Cet édifice est consacré à saint Martin, évêque de Tours, qui a évangélisé le centre et l’ouest de la Gaule au IVe siècle. L’église de Prissac était celle d’un prieuré de l’abbaye bénédictine de Saint-Savin (Vienne). Dès le IXe siècle, l'abbaye avait reçu Prissac en donation, ce qui est confirmé par un diplôme du 19 juillet 878.

Le clocher

C’est la partie la plus ancienne : construit à la fin du XIIe siècle, il constitue le porche d’entrée de l’église.

L’arc brisé du portail est supporté par quatre colonnettes, celles-ci sont surmontées de petits chapiteaux à motifs végétaux. On reconnaît nettement sur les chapiteaux de droite des petites fleurs, mais aussi des visages. On pénètre alors sous un porche carré, avec voûte d’arêtes.

A l'intérieur, on remarque des bandes sombres situées sur les parties supérieures des murs. Ce sont des litres funéraires. Elles étaient peintes lors d'un décès dans la famille seigneuriale. On distingue d'ailleurs en jaune les vestiges de blasons de la famille de La Trimouille, seigneurs de Fontmorand à Prissac.

La voûte est ornée de peintures anciennes à motifs végétaux. Cette voûte est percée en son sommet, ce qui libérait un passage aux cordes actionnant les cloches

La nef principale

Un deuxième portail, de style roman permet d'entrer dans la nef. Sans doute antérieur au portail principal,  il a été dégagé en 2014 des grossiers ornements de plâtre qui le recouvraient. Certaines pierres rouges rappellent que l'édifice a dû être la proie d'un incendie.  Ce portail a perdu ses colonnettes.

À l'origine, le bâtiment ne comportait qu'une seule nef plus étroite et  voûtée en plein cintre. Le mur de gauche est probablement le plus ancien, comme en atteste dans l’angle, une tête monstrueuse aux yeux exorbités, nez tranchant et oreilles pointues disposées presque au sommet du crâne. À l'extérieur, ce mur est le seul à porter quelques  modillons de style roman que l'on peut apercevoir lorsqu'on se place devant la boulangerie. 

À la fin du XVe siècle, les seigneurs de la Rochechevreux et les habitants de Prissac ajoutèrent trois chapelles au sud de la nef principale. Mais ces constructions fragilisèrent la vieille église et un mur s’effondra. Au début du XVIe siècle, vieille église et chapelles furent alors réunies sous un même toit, ce qui peut aujourd’hui faire croire à deux nefs accolées. Elles sont composées de quatre travées carrées séparées l’une de l’autre par trois colonnes, dont l’une, la plus proche du chœur est cannelée tandis que les deux autres sont de simples cylindres de pierre. Le style développé est alors le gothique flamboyant.

Une copie du tableau de la Visitation de Sébastien del Piombo orne le mur nord.

armes des Courraud de la Rochechevreux

Deux familles exerçaient leur influence sur l'édifice. Ainsi, La nef principale était entourée d'une litre funéraire aux armes des seigneurs de Fontmorand tandis que que la nef secondaire (à droite)  l'était aux armes des Courraud de la Rochechevreux.

Les peintures des voûtes

Les peintures qui ornent les voûtes sont probablement de la fin du XIXe siècle mais elles restituent quasiment à l’identique le décor peint du XVIe siècle qu’elles recouvrent.

Différentes plantes, sont disposées en bouquets. On reconnaît la flore des champs : feuilles de lierre, de fraisier, de chêne et graminées. Les tons sont doux : ocre jaune, ocre brun, blanc, noir, bleu… Pour chaque nef, une voûte décorée de végétaux alterne avec une voûte ornée de fausses pierres taillées.

La chapelle seigneuriale et les peintures murales

La chapelle, ouverte sur le côté nord, date du XVe siècle. Elle appartenait aux Fontmorand, seigneurs de la Trémoille. On y pénètre en passant sous un arc en plein cintre. La voûte sur croisée d'ogives est ornée de peintures murales de la fin du XVe siècle : Dieu, repésenté en pape, est entouré des quatre évangélistes représentés sous la forme du tétra morphe :

Voûtain est : Dieu en Pape (appelé aussi la Majesté du Père)

Voûtain nord : Saint Marc (lion)

Voûtain ouest : Saint Jean (aigle) et saint Matthieu (ange)

Voûtain Sud : Saint Luc (taureau)

Les visages des personnages ont été systématiquement vandalisés  lors des troubles qui opposèrent Protestants et Catholiques dans la région à la fin du XVIe siècle.

Sur les pourtours, une large bande noire, la « litre », porte les blasons des La Trimoille, seigneurs de Fontmorand, et reste le témoin des sépultures de membre de cette famille. Sous cette litre, apparaissent des peintures qui malheureusement ont été piquées. On distingue cependant plusieurs scènes :

La plus grande, entre la porte et le vitrail, évoque le fabliau :  Les trois morts et les trois vifs  qui revient plusieurs fois dans les fresques de la région comme au Blanc et Chavin dans l’Indre ou Antigny dans la Vienne : trois morts, sortant de leurs tombes, interpellent trois jeunes joyeux chasseurs, leur rappelant la brièveté de la vie. Ici, ne subsistent que les jeunes chasseurs ; les trois morts devaient se trouver sur le mur dégradé à gauche de la porte. Le premier des nobles, effrayé par ce spectacle, détourne la tête vers l’arrière et lâche un faucon qui s’apprête à fondre sur un lapin. Il est suivi de deux autres cavaliers dont les coiffes sont ornées d’une grande plume. Ils sont accompagnés de deux chiens qui poursuivent le lapin. On peut remarquer que le troisième cavalier portant une épée à la ceinture se met en prière. On invite donc à préparer son Salut. Quatre-vingt douze fresques représentant ce thème ont été à ce jour identifiées en France.

Sur le même mur, on distingue deux personnages, dont l’un (le pape saint Grégoire) en prière au pied d’un autel. Derrière cet autel apparaissent le Christ et les instruments de la Passion. Il s’agit de la messe de saint Grégoire, qu’on trouve aussi à Gargilesse.

Enfin, sur le mur opposé à la porte de la chapelle, on reconnaît sainte Catherine tenant une épée et la roue qui a servi à son supplice. Elle est accompagnée d’un grand personnage encapuchonné, peut-être s’agit-il de saint Jacques. À l’autre extrémité du mur, apparaît une femme auréolée.

Autels, peintures, vitraux et statues du choeur

Le fond du chœur – ce qu’on appelle le chevet – est plat, comme dans beaucoup d’églises de la région. La fenêtre à meneaux qui l’éclaire est de style flamboyant.

Le mur Nord, au dessus de la porte de la sacristie, est orné d'un Christ en croix du XVIIe siècle très réaliste.

L’autel principal est orné d’un bas-relief représentant les quatre évangélistes entourant le Christ. On les reconnaît, là encore, au symbole qui se trouve aux pieds de chacun. À droite se trouvent saint Marc et saint Mathieu. À gauche se trouvent un personnage imberbe, saint Jean et saint Luc.

Le vitrail au-dessus du maître-autel représente saint Martin et sainte Radegonde, tout comme les deux statues du XVe siècle situées de chaque côté de l’autel. Celle de sainte Radegonde est en pierre, celle de saint Martin est en bois polychrome.

Sur le mur du chevet, à gauche de l'autel, un évêque barbu est représenté avec sa croix et sa mitre. Il s'agit probablement de saint Martin auquel l'église est consacrée.

De chaque côté de la fenêtre, identifiables grâce à leurs pieds nus, deux personnages faisaient sans doute partie d'un ensemble de douze apôtres tenant chacun une croix de consécration et disposés tout autour du choeur.  (Seuls quatre d'entre eux sont encore visibles aujourd'hui).

Dans le registre supérieur gauche, un petit personnage semble en prière devant une grande figure brandissant une croix. Cette scène a été très endommagée lors du percement ou de l'agrandissement de la fenêtre. Ainsi, ce qui apparait comme une sorte d'aile peut aussi bien être une draperie.

Le deuxième autel, dit du Saint-Sacrement, est orné d’une scène évoquant le couronnement de la Vierge. Il est surmonté d’une niche où se trouve une Vierge à l’Enfant du XVIIIe siècle, vénérée depuis longtemps à Prissac : elle était portée en procession le 15 août.

Sur ce même mur, le retrait d’une tenture en 2006 a permis de dégager une nouvelle niche en pierre sculptée de style gothique portant des fragments de polychromie ancienne.

Les restaurations de 2013 ont permis de dégager une représentation du martyre de Saint Sébastien dans le registre supérieur. Le saint, lié à une colonne est percé de flèches tirées par des archers situés de part et d'autre. Les costumes des quatre archers permettent de dater la scène de la fin du XV- début XVIe siècles.
Saint Sébastien est invoqué pour la protection contre la peste.

Dans le registre inférieur, à droite, on reconnait saint André. Il est identifiable à ses pieds nus et à sa croix en X, symbole de son martyre. Il tient de la main droite une croix de consécration.

Peintures et vitraux de la nef

Dans cette seconde nef, en retournant vers l’entrée, on peut observer des vitraux exécutés par Charles Lévêque de Beauvais au XIXe siècle. Ces fenêtres ont été remaniées au cours des âges et d’autres qui ont été bouchées éclairaient le mur nord.

Un premier vitrail représente  L’Adoration des bergers   et un  Intérieur de Nazareth.

Le registre inférieur du mur laisse deviner une nouvelle peinture : un personnage imberbe tient un calice dans la main gauche et sa main droite reposait sur une croix de consécration inscrite dans un cercle. Il s’agit probablement de l’apôtre saint Jean.

Le vitrail suivant représente le roi saint Louis  apportant la couronne d’épines pour laquelle il fit construire la Sainte-Chapelle à Paris. Sous les pieds du personnage apparaissent les armes de la famille de Lanet qui a financé le vitrail. A la droite de sa tête, on reconnaît le château de la Garde Giron, propriété de cette famille. 

Enfin, un dernier vitrail représente  Marie au pied de la Croix  et L’Assomption de la Vierge.

Les peintures du mur ouest

Sur le mur ouest, une vierge à l'enfant du milieu du XVIe siècle occupe le registre inférieur. Elle pose sa main gauche sur une croix de consécration.
Les visages de la Vierge et de l'enfant Jésus ont été martelés. Peut-être s'agit-il d'un acte de vandalisme lié aux guerres de religion (Siège de Bélâbre par les Calvinistes en 1587).
La scène est surmontée d'un phylactère peu lisible et endommagé : "ascendit ad celo sedet ad dextram patris omnipotentis" (monte au ciel et siège à la droite du père omnipotent).

Dans le registre supérieur, les travaux de restauration de 2013 ont permis de dégager plusieurs scènes du milieu du XVIe siècle :

A gauche, une sainte Catherine d'Alexandrie presque effacée
piétine l'empereur Maximin, à l'origine de son martyre.
Elle tient un morceau de la roue destiné à son supplice. Le phylactère "Sancta Katherina" confirme l’identité du personnage.

A leur droite, un personnage (peut-être le commanditaire de l’œuvre) est en prière. Il est accompagné du phylactère : "sancte andre ora pro nobis" (saint André priez pour nous).

La scène principale évoque le martyre de saint André : quatre bourreaux lui lient les membres sur une croix en X. Le bourreau en haut à gauche tire de toutes ses forces sur les liens et prend appui sur le torse du martyr. Les vêtements des personnages (culottes bouffantes, fraises...) permettent de dater cette peinture du milieu du XVIe siècle.

Au dessus du portail d'entrée, le Père est représenté avec la tiare papale. Il bénit de sa main droite et tient sans doute un globe (symbole d'universalisme) dans sa main gauche. Il était probablement entouré du tétramorphe (les quatre évangélistes représentés sous leur forme symbolique) dont il ne subsiste que l'aigle de saint Jean situé à gauche de la scène.

Enfin, entre le pilier et la porte, on devine Saint Christophe portant l'enfant Jésus. Cette peinture du XIVe siècle est la plus ancienne de l'église.


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